Demoiselles en détresses arrachées à leur morose quotidien par celui que l'on nommera Monsieur. Une nuit d'automne, elles se sont éveillées entre les murs d'un humble palais ; drapées de soie, ornées de pierres précieuses, les belles anonymes deviennent princesses. La mémoire leur fait défaut, comment sont-elles arrivées jusqu'ici ? Les questions martèlent leur jolie petite tête et inquiètent leur cervelle. Un rêve, réponse logique qu'elles enlacent tandis qu'on les traîne jusqu'au hall. Monsieur y apparaît devant ses courtisanes. Le corps fin, les cheveux cuivrés, sa voix suave raisonne sous les hauts plafonds sculptés dans le marbre. « Mesdemoiselles, mesdames. » Un rictus vient titiller ses lèvres devant l'agitation des sublimes détenues. « Soyez les bienvenues au Manoir. » Maître de cérémonie, Monsieur se met à parler, portant fièrement son sinistre accent ; le voilà lancé dans un inquiétant monologue, bousculé de temps à autre par le brouhaha d'une foule apeurée. Il débite, et débite sans arrêt ; explique qu'il est le bourreau de ces dames, parle d'un jeu dément qu'il affuble d'un drôle de sobriquet : Tournoi de la Rose. « Dans un mois, jour pour jour, je me présenterai à nouveau devant vous, et choisirai parmi les survivantes, mon épouse. » Un tumulte  tend à naître dans la pièce, mais Monsieur y met rapidement terme à l'aide d'une nouvelle tirade. « Hormis le mariage, la demoiselle désignée par mes soins sera grassement récompensée. Devenue mon épouse, elle partagera ma fortune et mon éternité. » Folie, l'homme est fou et son délire persiste. « J'ose espérer que la vue du sang n'effraie pas ces ladies. » Une voix s'élève dans le fond, l'une des captives parle au nom de toutes : vous ne pouvez pas nous retenir ici ! Monsieur hoche la tête et dans un craquement sec, le cou de l'imprudente se brise sous les paumes d'un valet de pied. « Le Tournoi ne connait qu'une règle on ne refuse, ni n'abandonne la partie, sous peine de mort imminente. »